"Tout, tout ce que je fais a toujours été là, même avant que je ne naisse en hiver 65, et même avant qu'ait été né le premier à donner naissance à tout le monde. Je ne suis pas à l'aise pour apposer ma signature sur une œuvre, je ne suis pas toujours sûr que ce soit moi qui l'aie faite. J'ai juste ouvert mes yeux et j'ai vu. Et c'est là, sur le papier, sur la toile ou dans les mots. Ce ne sont que des mots, un océan de mots dont nous sommes issus. Je lance ma canne à pêche et j'attends sur le rivage que ça morde. Dieu merci, la pêche est bonne ces derniers temps. Je partagerai avec joie les agapes avec vous".
"Korzun Igor. La ville de Minsk, 1965, 26 janvier, je suis né dans un hôpital en face du stade. À cette époque, les habitants de notre ville naissaient à deux endroits, en face de la prison et en face du stade. Les études - dix ans d'angoisses superficielles, de passions, de haines et de rêves, il n'y avait pas d'amour au lycée. L'Université, une des plus drôles de notre ville, ne me demandez pas laquelle ni pourquoi, celui qui y est allé le sait. Il y avait de l'amour à l'Université et pas du tout superficiel, il y avait aussi une forte soif de connaissance et de toutes ses hypostases. Après l'Université, et jusqu'à aujourd'hui, il n'y a qu'une route, sinueuse, pas toujours à travers champs ni toujours praticable, le plus souvent avec des flaques d'eau , des nids de poules, et des montées raides mais quand on est au sommet de la montagne...".
Igor Korzun est né à Minsk le 26 janvier 1965. En 1982, il finit le lycée et obtient son diplôme d'ingénieur forestier en 1987.
Depuis 1987, il est membre du groupe créatif "Association Photo-rock Belarussian Klimat".A ce titre, il a participé à un certain nombre de projets créatifs et d'expositions depuis 1987 jusqu'à aujourd'hui :
- "Cinéma oral"
- démonstrations et festivals, locaux et internationaux (le dernier a eu lieu en 2008 à Malmö, en Suède)
- productions théâtrales dans le style "ballet géométrique"
En 2000, il a étudié à "l'Ecole d'art contemporain d'Aix`en`Provence".
Ses œuvres se trouvent dans plusieurs galeries en Europe, notamment au Moderna Museets de Stockholm et dans la collection de photographies de la Bibliothèque royale du Danemark.
Il a commencé le projet "Total Photo Archive" ("Numbers", "Doors", "Gates", "Holes" etc.) en 2003 et il est toujours en cours.
2021, un nouveau projet dans le cadre du concept "Songe du postmodernisme" - "Travail de laboratoire sur la photographie".
"Quand je reviens de voyage pendant un moment j’ai l’impression, ayant perdu l'habitude de le contempler, que le public de Minsk (les gens dans la rue et dans le métro) semble porter un uniforme. Non, la foule est très hétéroclite, mais tout le monde paraît gauchement tiré à quatre épingles. Managers et artistes, étudiants et policiers, motards et punks. Il n'y a personne sur qui le regard puisse se poser, soulagé... Puis je pense à Mitiok : après tout, il est là, quelque part dans la foule, lui aussi. Il est le seul qui ramène le système en équilibre. J'ai essayé de l'imiter : j'ai mis un casque d'aviateur chinois sur ma tête et un jodhpurs et des chaussures de ski aux pieds. Mais in fine ça revenait toujours à arborer juste une sorte de costume d'avant-garde. Tandis qu’Igor semblait être né avec tout ça à la fois : un béret tricoté et un débardeur -marinière, des lunettes-mouches et une moustache en guidon à la Boudionov, un parapluie-canne, des gants en tissu blanc et... des converses. Rien de trop, juste décontracté. Je pense que ça se s’explique par son attitude passionnée envers la chose. En découvrant un phénomène, Korzun contracte soudain avec lui un mariage singulier et définitif . Et la chose s'assujettit, accepte la proposition. Des pinceaux et des peintures, des réactifs et des lentilles, des escargots et des baleines, des portes de garage, des lettres, des chiffres, des trous - tout ce qui fait l'objet de ses pensées et de ses sentiments devient fou de Mitiok. Une sorte de cortège de mariage continu et sans fin. Oui, un polygame, mais tous sont amoureux et heureux. Un trésor national. Vous vous promenez avec lui dans la ville : vous regardez avec ses yeux, vous respirez avec ses narines, et vous absorbez - avec votre cœur".
Dima Strotsev, poète-aviateur